Quand on n’y pas été confronté personnellement, je crois qu’on ne peux pas comprendre ce que l’on ressent quand on arrive au bout du bout d’un épuisement professionnel, au bord du précipice et que l’on tombe dans le gouffre du burnout. Or, c’est précisément à ce moment là que l’on va être confronté à la façon dont est pris en charge le burnout. Quand on est le plus vulnérable.
Dans un état de fatigue extrême, on ne peut pas se rendre compte que la prise en charge du burnout n’est pas adaptée aux besoins. Du moins pas tout de suite. Et puis, même si on s’en rend compte, on ne sait pas toujours comment agir ni par où ou par quoi commencer.
Donc on fait confiance au processus, on va bien finir par s’en sortir, non ? Alors le temps passe et on est toujours fatigué. En fait, la fatigue ne passe pas. Et puis, pour ceux qui sont en arrêt maladie, il y a toujours cette échéance qui nous trotte dans la tête et qui ne nous quitte pas. Ce jour où l’on devra retourner au travail alors qu’on n’y est absolument pas prêt. On pense bien à faire autre chose. Oui mais quoi ? Et tout ça peut durer très longtemps, sans aucune amélioration. Alors, quand on est obligé de reprendre le travail, généralement ça ne se passe pas très bien, en tout cas pas mieux qu’avant l’arrêt. Avec un peu de recul, c’est un peu normal : pourquoi les mêmes causes ne produiraient pas les mêmes effets ?
La prise en charge du burnout
Le circuit classique, quand on est en burnout c’est d’aller voir son médecin généraliste qui généralement nous oriente vers un psychiatre. Ces médecins vont surtout traiter les symptômes du burnout et faire en sorte qu’ils soient le moins invalidants possible : cela passe souvent par des traitements médicamenteux à base d’anxiolytiques ou d’antidépresseurs. Les molécules de ces médicaments vont agir sur les neurotransmetteurs et « masquer » chimiquement le mal être. Or, on ne sort pas du burnout comme ça et surtout, le burnout n’est pas une dépression.
La prise en charge actuelle du burnout n’est pas adaptée car on traite les symptômes mais pas la cause. Au mieux, cela permet de masquer les déséquilibres. Sauf qu’on ne peut résoudre durablement un problème qu’en connaissant et en agissant sur son origine.
Si on veut traiter un burnout, c’est à sa cause qu’il faut s’atteler, pas juste aux symptômes !
En fait, dans le burnout, il n’y a pas qu’une cause. Elles sont multiples. C’est donc une prise en charge globale qu’il est nécessaire de mettre en place.
C’est souvent à ce moment là que l’on fait des erreurs car on n’identifie pas toujours bien toutes les causes. Je vous invite à lire, si vous ne l’avez pas encore fait, mon guide sur les 5 erreurs à éviter en période de burnout.
Le burnout trouve ses origines dans 4 grandes catégories de causes. Ces catégories sont le terreau du burnout en quelque sorte. Elles sont toutes observables et présentes chez 100% des personnes qui font un burnout. Seules leurs proportions oscillent d’un individu à l’autre.
La partie visible
1) Le contexte organisationnel constitue la 1ère cause visible
C’est celle que l’on voit en tout premier quand on est en burnout. On pense à notre environnement de travail qui nous pèse, qui nous stresse, à ce chef qui nous exaspère, à ces collègues que l’on ne supporte plus, aux tâches que l’on nous demande de faire et qui n’ont plus aucun sens pour nous, à ces patients qui nous irritent, aux clients dont l’exigence nous dépasse, au rythme effréné de nos journées… On pense également à notre environnement personnel, aux tâches à accomplir en plus de notre boulot quand on a des enfants (devoirs, rdv médicaux, sport…), à la charge mentale que cela occupe de devoir penser à tout, aux tâches domestiques qu’il reste encore à faire (ménage, lessive…).
Ce contexte organisationnel est ce que l’on appelle « la partie visible » car très souvent les personnes en burnout ne voit que cette partie et omettent d’aller creuser la partie invisible. En fait, c’est un peu comme un iceberg. On sait que 75 à 90% de la masse d’un iceberg restent immergés. Et bien, c’est exactement pareil pour le burnout. Au moins 75% des causes du burnout sont immergées. Cela signifie qu’elles ne sont pas visibles, elles sont en nous. Et souvent quand ça nous concerne, on ne voit… rien ou presque !. On est souvent les plus mal placés pour voir se qui se trame à l’intérieur de nous-mêmes 🙂
La partie invisible, la partie qui est immergée
2) Les valeurs et les besoins
On les oublie souvent ces 2 trucs là : nos valeurs et nos besoins. Très souvent, on s’adapte à l’environnement professionnel et on omet de checker de temps en temps si on est bien en phase avec ce que l’on produit au quotidien. Néanmoins, on peut avoir pris conscience d’un problème à ce niveau là sans pour autant savoir quoi faire. Vous voyez de quoi je parle j’imagine, non ?
3) La psychologie et la physiologie
Sans entrer dans le détail car cela pourrait durer des lignes et des lignes, on va retrouver ici nos comportements et nos schémas intuitifs de réponses aux événements habituels et stimuli. Cela explique notamment pourquoi les individus ne sont pas égaux face à un changement, à la complexité ou encore à l’incertitude.
Dans le même temps, et de façon liée, on retrouve toujours un déséquilibre physiologique, c’est à dire un dérèglement de notre organisme, qui peut être plus ou moins silencieux.
Les neurosciences nous ont énormément appris et continuent à nous apprendre des trésors sur les mécanismes qui découlent de notre système nerveux et de notre fonctionnement cognitif.
4) L’adéquation de nos activités avec nos facultés naturelles
Quand on ne mobilise pas nos talents naturels dans notre environnement, on ne peut pas être épanoui. Et quand on n’est pas épanoui, notre organisme s’adapte tout en se déréglant très doucement. Chacun d’entre nous disposons de modes opératoires naturels, c’est à dire d’une façon innée d’opérer. Et c’est pour ça que nous sommes tous différents. C’est pour cela que certains ont des talents pour l’aspect relationnel, d’autres pour définir des stratégies, d’autres pour de l’innovation, d’autres pour l’écriture, d’autres pour la visualisation dans l’espace, d’autres pour la musique, d’autres encore pour leur habilité manuelle… Alors, si vous exercer une activité dans laquelle vous ne mobilisez pas vos talents naturels, et bien vous allez soit apprendre à faire mais cela nécessitera un effort de tous les jours car « contre nature », soit vous allez être en souffrance. Bref, les conséquences sont identiques. Au contraire, si vous exercer une activité dans laquelle vous mobilisez vos talents naturels, vous produirez sans effort. Une des principales difficultés que l’on a tous c’est d’identifier nos talents naturels ! Souvent on les a oubliés pour se formater à ce que l’on attendait de nous. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il y a des méthodes pour les retrouver 😉
Bon, avec tout ça on voit que le burnout, c’est un peu plus complexe que ce que l’on veut bien nous en dire.
La prise en charge d’un burnout doit couvrir ces 4 grandes catégories de causes. Si les 4 ne sont pas traitées, c’est risque de rechute ou de dépression.
Mais avant de s’atteler à ces causes, il est juste essentiel et c’est un pré-requis de « traiter » les conséquences du burnout.
Traiter les conséquences du burnout avant de s’atteler aux causes
Le burnout est en premier lieu la manifestation d’un épuisement complet de l’organisme. Tout est déréglé. Et c’est cet épuisement qu’il convient de prendre en charge avant tout autre chose. Par des méthodes simples mais aux résultats éprouvées, on peut aujourd’hui poser petit à petit les briques de la récupération de l’organisme. La seule condition pour que cela fonctionne : en avoir envie !
Une fois que cette phase là est entamée, on pourra alors s’atteler aux causes. Quand l’ensemble de ce processus est bien enclenché, un retour à la vie active pourra alors être sereinement envisagé.
Les méthodes pour sortir du burnout
Le fossé entre la façon dont est pris en charge le burnout en France et ce qu’il conviendrait de faire est juste abyssal. Tant que le burnout sera assimilé à un syndrome psychologique, rien n’avancera. C’est quand même problématique et très inquiétant quand on sait que plus on passe de temps en arrêt maladie, plus on s’éloigne de l’emploi (c’est à dire que l’on a de moins en moins de chance de retrouver un emploi).
Le burnout est un phénomène complexe et un médecin seul ne peut pas prendre en charge l’ensemble des caractéristiques de cet épuisement complet.
Pour sortir du burnout aujourd’hui, il est nécessaire d’envisager un chemin complémentaire ou un autre chemin selon ce que chacun souhaite.
Le chemin complémentaire peut être emprunté en toute autonomie. Il est long, voire très long et il peut être périlleux mais ça marche, j’en suis la preuve.
Ou alors, ce chemin complémentaire peut être fait en étant accompagné par quelqu’un qui maitrise l’ensemble du processus et des caractéristiques du burnout.
Et vous, quel chemin avez-vous emprunté ou comptez-vous emprunter ?