Non, le burnout n’est pas une dépression. Et oui, la prise en charge du burnout doit être différente de la prise en charge d’une dépression. Il y a une différence entre burnout et dépression. Et pourtant, dans l’inconscient collectif, on ne la voit pas toujours très bien.
Pourtant, un traitement adapté au burnout permettrait d’éviter d’errer trop longtemps à la maison, en arrêt maladie, dans un corps fatigué, épuisé en se posant une multitude de questions sur notre avenir et en ne trouvant aucune réponse. Ou encore cela permettrait d’éviter les multiples rechutes car à un moment donné, on n’a plus forcément le choix, le médecin conseil de la Sécu nous impose de retourner travailler alors que l’on n’y est pas du tout prêt.
Et c’est plutôt préoccupant car avec plus de 2,5 millions de salariés français touchés par un burnout, il est juste primordial que leur prise en charge soit adaptée à leurs vrais besoins et pas aux besoins des personnes dépressives.
Le jour où j’étais arrivée au bout du bout, un lundi matin, je n’ai pas pu me lever pour aller travailler. Le soir même, je sortais de chez le médecin avec un arrêt de travail pour burnout, une ordonnance d’antidépresseurs et une autre pour prendre rdv avec un psychiatre. Mon cas n’est pas exceptionnel. Il est même complètement standard puisqu’aujourd’hui quand on ne va pas bien, on se tourne vers le corps médical qui nous propose alors de soulager nos symptômes.
A l’exception de quelques professionnels de santé, on constate que trop souvent le traitement du burnout ne repose que sur des traitements médicamenteux : somnifères, anxiolytiques et/ou antidépresseurs. Or, dans l’état actuel des recherches, aucun médicament de ce genre n’est susceptible de « guérir » un burnout. C’est fou quand même, non ?
Table des matières
Pourquoi les médicaments ne peuvent pas guérir un burnout ?
Les médicaments traditionnels habituellement prescrits dans le cadre d’une dépression ne peuvent guérir un burnout pour 3 raisons principales :
Le burnout n’est pas une maladie en tant que telle
Depuis 2019, l’épuisement professionnel est inclus par l’OMS dans sa 11ème révision de la Classification internationale des maladies. Mais il est classé en tant que phénomène professionnel, pas comme condition médicale. Il est défini ainsi :
« le burnout est un syndrome conceptualisé comme résultant d’un stress chronique en milieu de travail qui n’a pas été géré avec succès. Il se caractérise par trois dimensions :
- Sentiment d’épuisement énergétique
- Une distance mentale accrue par rapport à son emploi ou des sentiments de négativité ou encore de cynisme liés à son emploi
- Une efficacité professionnelle réduite
L’épuisement professionnel fait spécifiquement référence aux phénomènes dans le contexte professionnel et ne devrait pas être appliqué pour décrire les expériences dans les autres domaines de la vie ».
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Très récemment, des chercheurs suisses, soutenus par 60 experts de 29 pays, ont tenté d’apporter une nouvelle définition : « état d’épuisement émotionnel et physique lié à une exposition prolongée à des problèmes au travail ». Avec cette définition, les chercheurs tentent de ranger le burnout du côté de la santé et pas du côté phénomène social. C’est un bon début mais ils focalisent la problématique uniquement sur des problèmes liés au travail, or, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg.
Pour ma part, mes recherches, expérimentations et études de cas m’amènent à avancer que le burnout est le fruit d’une longue période de suradaptation, résultat de conflits internes qui naissent dans notre cerveau et qui dérèglent petit à petit l’équilibre de notre corps. Le burnout est l’aboutissement d’un processus qui a épuisé et vidé notre corps de toute énergie.
Le burnout a des marqueurs bien différents d’une dépression
Le burnout est une conséquence du stress chronique. On observe un état d’épuisement total de l’organisme. Le corps a notamment sécrété trop de cortisol pendant une longue période et il a épuisé toutes les réserves. Elles sont maintenant vides. Le corps est en état d’alarme. Cf article sur le stress chronique.
C’est ici une des premières différences avec la dépression : en état de burnout le niveau de cortisol est très bas quant on observe, à l’inverse, des taux élevés dans la dépression. Dans la plupart des cas, il est donc tout à fait possible de distinguer ces 2 formes via une analyse d’urines ou une analyse sanguine.
Une seconde différence : en état de burnout, la santé psychique est relativement préservée. Même si certains symptômes peuvent faire penser à des troubles anxiodépressifs, on a encore la capacité de solliciter des forces mentales comme la volonté par exemple. On aurait envie de faire certaines choses qui nous font du bien mais on est trop fatigué pour le faire, l’énergie nécessaire n’est plus là. Il n’y a vraiment plus de carburant. A l’inverse, un état dépressif marque une absence de projection et un désinvestissement de toutes les sphères de la vie, y compris la vie privée.
L’effet des médicaments habituels prescrits pour des états dépressifs
Les psychotropes (somnifères, anxiolytiques ou antidépresseurs) agissent sur le système nerveux central, en modifiant certains processus biochimiques et physiologiques du cerveau. Le but est de soulager les troubles du sommeil, les symptômes d’anxiété, les troubles de l’humeur et d’en diminuer les conséquences physiques, psychiques et relationnelles. Outre les effets secondaires et les phénomènes de dépendance, ces substances peuvent masquer les symptômes mais ne font pas disparaitre la cause. Elles peuvent également « sur-fatiguer » un corps déjà bien épuisé par le burnout.
A aucun moment ces substances n’agissent pour restaurer les déséquilibres des neurotransmetteurs constatés dans un corps en état de burnout (cf article sur les neurotransmetteurs).
Alors ? Burnout et antidépresseurs : faut-il en prendre ou pas ? Je vous invite à lire ou à relire cet article qui traite spécifiquement des psychotropes.
Ce que l’on pourrait éviter si l’on prenait la mesure de la différence entre burnout et dépression
Si l’on prenait vraiment la mesure de la différence entre burnout et dépression, il serait possible d’éviter des burnout longs et de nombreuses rechutes. En comprenant que le burnout est en premier lieu la manifestation d’un épuisement complet de l’organisme, on pourrait proposer une prise en charge adaptée et éviter bien des errements.
Si vous êtes dans ce cas là
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Dans tous les cas, si vous ressentez que vous êtes arrivé au bout du bout et qu’un burnout pointe le bout de son nez, il sera dans un premier temps essentiel de consulter votre médecin. Lui seul pourra diagnostiquer votre état et investiguer si d’autres pathologies sous-jacentes ne seraient pas à l’origine de cet état. S’il écarte toutes autres pathologies et confirme un burnout alors ce sera à vous d’agir.
Pour ma part, j’avais 2 choix devant moi :
- Prendre les médicaments prescrits et masquer les symptômes
- Ne pas prendre les médicaments prescrits et me débrouiller pour me soigner vraiment et durablement. J’ai fait ce choix. Certes, ce n’est pas le plus facile. Il demande de la volonté mais quand on est en burnout il subsiste ce soupçon de pugnacité qui est souvent un point commun des burnouté(e)s !
Et vous, lequel de ces choix est le plus parlant pour vous ? Votre médecin a-t-il facilement fait la différence entre burnout et dépression ?
L’avenir nous tourmente, le passé nous retient, et c’est pour cela que le présent nous échappe
Gustave Flaubert
Bonjour,
Comment avez vous reussi a vs en sortir du burnout finalement?
Bonjour Déborah,
Je me suis sortie du burnout en le prenant par le bon bout et en acceptant aussi que ça allait prendre un petit peu de temps (et ça c’était pas simple pour moi qui avais l’habitude de vivre à 100 à l’heure). 1ère chose à faire avant tout : j’ai aidé mon corps à reproduire de l’énergie à l’aide de différentes techniques (nutrition, phytothérapie, gestion du stress…), puis à se redynamiser (restimulation de la mémoire, décorticage des rouages, exploration des motivations…). Ensuite compréhension de mes forces, de mes talents puis projection de ma nouvelle vie et enfin j’ai pris des décisions et j’ai osé passer à l’action 😉